Pourquoi les enfants très exposés aux écrans ont-ils des difficultés dans les apprentissages scolaires ?

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Depuis 2010, avec les smartphones et ce que l’on appelle les écrans nomades –tablettes– les écrans sont omniprésents à toute heure ; partout et à tout âge, y compris pour les bébés.

Or les expositions sur des enfants de moins de 3 ans ont des répercussions pour demain que les parents ne mesurent pas toujours, souvent par méconnaissance des dangers plutôt que par volonté de mal faire. Dans le dernier baromètre IFOP les parents ont conscience que leur propre utilisation des écrans impacte leurs enfants, mais de façon modérée dans la mesure où les répondants sont très partagés sur le fait que cela impacte « fortement » leur enfant (cliquer ici pour lire l’article sur cettte enquête).

Il faut dire que si l’apprentissage de la lecture par exemple, n’intervient qu’au CP, notre capacité aux apprentissages, elle, se joue bien plus tôt. C’est le constat partagé, sur le terrain, par tous les membres du collectif CoSE qu’ils soient psychologues, pédiatres, pédopsychiatres ou médecins de la protection maternelle et infantile (PMI).

Pourquoi et par quel processus, le fait de surexposer son jeune enfant compromet-il ensuite ses apprentissages fondamentaux tels que la lecture, l’écriture, le calcul … ?

Parce que le tout-petit a besoin d’interactions pour développer son cerveau, c’est à-dire qu’il doit être en lien direct avec son environnement. Or, si cette interaction est limitée, voire absente à cause des écrans, il ne fera pas de lien entre ce qu’il voit, entend, touche et aura beaucoup de mal à comprendre ce qui l’entoure.  Autrement dit, il n’aura pas la possibilité de faire des liens entre les mots entendus et les objets par exemple et ainsi construire un langage de qualité. Or c’est le langage qui structure la pensée !

Un langage de mauvaise qualité annonce des difficultés de lecture et de compréhension. Pour les plus petits, avant 3 ans, les spécialistes parlent, entre autre, de « technoférence » c’est-à-dire que l’écran vient s’interposer entre le tout-petit et le monde qui l’entoure, avec lequel il n’est plus en relation directe. Par exemple, une maman qui est en train de donner un biberon et qui regarde son téléphone, ou un enfant distrait de son jeu par la télé allumée en arrière-plan… Ces ruptures de lien provoquées par les écrans des parents, si elles sont fréquentes, finissent par causer chez les enfants de grandes difficultés à se concentrer, à s’exprimer, à organiser leurs perceptions… Et donc à développer leurs capacités cognitives !

Contrairement à ce que laissent penser les chaînes pour enfants et autres baby tablettes ludiques, quand les petits sont  devant un écran, ils n’apprennent pas! Ils ne font que répéter  des mots et ne construisent pas de sens! Plus tard, pour les enfants plus grands très exposés aux écrans, « le plaisir sans effort » procuré par les écrans entre en compétition avec les apprentissages et notamment celui de la lecture. En comparaison, pour les enfants qui apprennent à lire, la lecture qui impose de reconnaître les lettres, associer les syllabes, construire les mots et comprendre les phrases, leur demande des efforts et de la patience…

Enfin, les enfants ne sont pas du tout armés pour lutter contre l’addiction que provoquent les écrans, là où les adultes ont déjà bien du mal à y résister eux-mêmes. S’agissant de la télé, smartphone, tablette et des jeux vidéo, les parents doivent encadrer leurs enfants et s’informer sur les bons réflexes à acquérir :

– pas d’écrans avant 3 ans

– utiliser ensuite la méthode des 4 pas de Sabine Duflo

– adopter une charte familiale d’utilisation des écrans

Préserver le développement intellectuel des jeunes enfants en les protégeant des écrans est essentiel ! Tous les parents devraient en être pleinement conscients.

                                                                                                                      Catherine Vidal

                                                                                                                      Psychologue E.N

                                                                                                                      Membre de CoSE