« Nous faisons face à une crise éducative majeure »

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Laurie, professeur des écoles (Morbihan)

Je suis professeur en école maternelle dans une école de quartier populaire. Un nombre important d’enfants présente les symptômes que vous décrivez. La PMI, les psychologues et les médecins scolaires ne sont pas assez nombreux pour rencontrer tous les enfants que nous leur signalons et une sélection s’effectue pour donner la priorité aux plus âgés, souvent quand il est sans doute trop tard.

En parallèle, le nombre d’AVS a chuté suite à l’arrêt des subventions nationales aux communes. Quant aux AVS encore en activité, ils ne sont pas formés aux troubles spécifiques de l’enfant dont ils ont la charge.  Suite à la création des CP à 12 dans les zones d’éducation prioritaire, on affecte des classes de 31, 32 élèves aux enseignants de maternelle. Avec cette pandémie des TSA, les classes de maternelle sont devenues totalement ingérables. Nous faisons face à une crise éducative majeure et nous, enseignants, sommes totalement démunis !
A notre échelle, nous essayons de sensibiliser les parents aux dangers des écrans, mais mon sentiment personnel est qu’ils ne semblent pas comprendre nos alertes ou qu’ils n’y accordent aucun crédit, surtout quand, comme de ce quartier populaire où j’exerce, nombre d’entre eux ne parlent pas bien français et /ou ne suivent pas les médias d’informations. Nous ne disposons d’aucun moyen, d’aucun outil, d’aucun support pour étayer nos propos.

Envisagez-vous de développer des supports d’information accessibles aux parents que l’école pourrait distribuer pour soutenir nos actions respectives ? Pensez-vous vous rapprocher des syndicats d’enseignants, des associations de parents d’élèves (FCPE, PEEP, …) pour créer une plus forte mobilisation du monde éducatif autour de ce sujet ?