Le temps d’écran des enfants augmente sans garde-fou, avec de graves conséquences sur leur santé physique et mentale, alerte un collectif d’enseignants, de médecins, de chefs d’entreprise, de directeurs de grande école, d’éditeurs et d’artistes, qui appelle à enrayer une catastrophe sanitaire.
Publié le 24 septembre 2024 dans le journal le monde « les débats sur l’éducation »
Le 30 avril, le rapport « Enfants et écrans » était remis au président de la République. Il met en lumière « la réalité de l’hyperconnexion subie des enfants et des conséquences pour leur santé, leur développement, leur avenir, pour notre avenir aussi… celui de notre société, celui de notre civilisation, et peut-être même celui de notre humanité ».
Devant un tel enjeu, que peut faire concrètement l’école pour protéger ses élèves ? Continuer à subir, ou sortir de l’impasse ? Impossible de passer à côté : la liste des risques sanitaires liés à l’activité numérique des enfants et des adolescents est accablante. Retards de langage, sédentarité, troubles de la vue, perturbation du sommeil, anxiété, dépression…
En France, les jeunes de 16-19 ans passent en moyenne cinq heures dix minutes par jour à visionner un écran à usage strictement récréatif, et douze minutes seulement à lire un livre pour le loisir, selon une étude Ipsos pour le Centre national du livre.
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Le temps d’écran de nos enfants augmente sans garde-fou, sans cadre ni limite, et nous savons que les conséquences sur leur santé physique et mentale sont graves. Il est urgent d’agir pour enrayer cette catastrophe sanitaire. Chacun, parents, enseignants, médecins, responsables politiques, doit le faire à son niveau.
Crise numérique
Malgré cette prise de conscience collective, l’éducation nationale poursuit sa numérisation. La volonté de moderniser l’institution est louable. Cependant, le mésusage du numérique à l’école renforce l’hyperconnexion des élèves à leurs dépens.
Dès la 6e, les établissements scolaires fournissent aux élèves des tablettes ou des ordinateurs. Ces équipements individuels numériques transforment les pratiques d’apprentissage : les élèves n’utilisent plus d’agenda (l’enseignant note à leur place les devoirs à faire sur le cahier de textes enligne), n’ont plus de manuels papier (ceux-ci étant progressivement remplacés par leur version numérique), et perdent l’habitude d’écrire (les cours étant téléchargeables sur les espaces collaboratifs).
Il ne s’agit pas que du temps passé à l’école : l’écran individuel est rendu indispensable aussi pour les devoirs à la maison. Par cette approche, l’école rend progressivement les élèves passifs en classe et dépendants du numérique.
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Certains acteurs du système éducatif mettent en avant la visée pédagogique de certaines applications numériques. « Ne diabolisons pas l’écran ! », « l’usage seul est problématique », « haro sur le numérique récréatif, vive le numérique éducatif ! », voilà la position de ceux qui n’envisagent pas de remettre en question la numérisation accélérée de l’école.
Nous les entendons, mais nous ne pouvons ignorer le constat de la commission d’experts : quel que soit leur usage, récréatif ou éducatif, les écrans affectent gravement la vue et le sommeil des jeunes. Alors, comment ne pas s’inquiéter qu’un élève passe la journée devant sa tablette, et se reconnecte ensuite le soir pour faire ses devoirs, quand bien même son usage du numérique serait purement éducatif ?
Face à la crise numérique, l’action ne peut être que collective. Le collectif Education numérique raisonnée appelle enseignants et parents à adopter une démarche coéducative pour réguler les écrans à l’école comme à la maison. Sans cette cohérence, la sensibilisation des élèves à un usage raisonné du numérique est vouée à l’échec.
24/09/2024 10:54 « Le droit des élèves à la déconnexion doit être formellement reconnu »
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