Je suis enseignante spécialisée depuis 14 ans. Après avoir travaillée avec des adolescents ayant des difficultés scolaires, j’ai intégré un réseau d’aides spécialisées en école primaire. Je travaille essentiellement avec des enfants de 3 à 8 ans.
Depuis 7 ans, j’ai constaté un changement dans les difficultés scolaires rencontrées.
Il y a 7 ans, je faisais essentiellement de la remédiation pédagogique en numération, encodage ou décodage. Aujourd’hui et ce depuis environ 4 ans, je travaille majoritairement les concepts de bases simples qui n’ont pas été acquis.
Je rencontre tous les parents des enfants que je suis.
Le dénominateur commun à ce déficit de connaissance du vocabulaire de base: la consommation quotidienne et excessive des écrans.
En m’entretenant avec les parents et en m’appuyant sur le questionnaire de CoSE, j’ai pu constater que les écrans étaient, dans la majorité des foyers, un problème que les parents aimeraient bien résoudre.
À mon échelle, j’ai réalisé quelques statistiques. Sur les 41 élèves avec qui j’ai travaillé cette année, 44% d’entre eux ont la TV dans la chambre, 56% regardent la TV le matin, en mangeant et le soir, 56% regardent ou jouent régulièrement avec leur téléphone ou celui d’un proche et 51% d’entre eux ont une console de jeu.
Je ne peux que constater la corrélation entre difficultés scolaires et usages excessifs des écrans.
Fort de ces constatations et avec des rendez-vous réguliers avec les parents et parents-enfants, je remarque néanmoins un début de prise de conscience. Cette année, mes élèves essayent de ne pas regarder les écrans les jours d’écoles et surtout pas le matin avant d’y venir, c’est un bon début. Ils en remarquent les bénéfices sur leur concentration (les grands le verbalisent bien).
Je vais continuer à informer les parents des jeunes enfants et faire de la prévention même si cela reste compliqué dans une société où les écrans nomades sont de plus en plus présents.
Florence Berlande, enseignante spécialisée à dominante pédagogique, Bourges (18)