Que se passe t’il quand le téléphone s’interpose dans la relation parent-bébé ? Une étude israélienne explore l’attention conjointe…

image_print

La technoférence, terme inventé par Brandon Mc Daniel en 2012 désigne aujourd’hui les effets de rupture dans les interactions familiales que provoquent les écrans. Depuis peu les études concernant le tout jeune bébé et l’utilisation par son parent du smartphone se multiplient. Laura stockdale et Sarah Myruski ont ainsi montré que ces interruptions provoquaient chez le bébé des réactions équivalentes aux situations de stress provoquées par l’expérience du Still Face développées par  Edward Tronick : quand la maman déplace brutalement son attention de son bébé vers son portable, celui-ci cherche à rétablir le contact et échouant ,développe des symptômes de désorganisation (cris, agitation) qui vont avoir du mal à disparaitre lorsque la maman reprend contact. De façon intéressante ces premières études montrent des réactions différentes si les mamans ont l’habitude d’utiliser souvent leur portable en présence de leur enfant, équivalentes à celles observées chez des enfants de mères déprimées. Dans cette étude toute récente (abstract en cliquant ici), Dafna Krafbar s’est intéressée aux signes de recherche d’attention conjointe qui marquent les interactions entre le bébé et la maman vers un objet tiers, et dont on connait l’importance dans les processus de socialisation du tout petit.

114 bébés d’environ douze mois ont été observés après une période de jeux avec leur maman puis pendant trois périodes aux conditions expérimentales différentes: une perturbation par l’utilisation par la maman de son téléphone portable, une perturbation par une sollicitation sociale « normale » de la maman enfin une période sans perturbation. Dans le groupe interrompu par le téléphone portable la recherche d’attention conjointe par le bébé est plus fréquente mais la maman répond moins souvent à cette demande et la durée d’attention conjointe maman-bébé est donc plus faible. Cette diminution est observée dans la période de perturbation par téléphone en comparaison de la période sans perturbation mais elle est aussi observée en comparaison de la période d’interruption sociale normale : le téléphone portable a un plus grand effet négatif sur les processus d’attention conjointe.

Ces résultats doivent être répétés pour être confirmés mais cet impact négatif sur l’attention conjointe (et probablement les processus de construction des relations sociales) justifie encore un peu plus les précautions que nous préconisons depuis longtemps. Comme par exemple dans notre affiche qui décoiffe « ne cherchez pas votre bébé sur Insta, il est dans vos bras ». Vous pouvez la télécharger en cliquant ici.

Une très chouette illustration de ces notions majeures de technoférence chez le tout petit dans cette vidéo produite par l’association action innocence suisse « grandir avec les écrans » en cliquant ici