Je suis professeure des écoles depuis 2006, et à ce titre j’ai exercé dans de
nombreux établissements en maternelle et en élémentaire.
J’ai pu constater au fil des années une augmentation du recours aux écrans
dans de nombreux cas de figure (lorsqu’il fait froid, lorsqu’il pleut, en fin de période,
etc.). Par ailleurs, les films présents dans les vidéothèques des écoles ne sont bien
souvent pas adaptés ni en termes de contenus (rapidité de l’action, vitesse des
enchaînements des plans montés, vocabulaire utilisé) ni en termes de durées (les
films sont beaucoup trop longs). L’utilisation de la vidéo sur le temps de récréation ne
correspond pas à un objectif pédagogique mais à une tentative de canaliser les
élèves lorsqu’une contrainte empêche leur conduite habituelle dans les espaces
ouverts sur le temps du repos. Il est vrai que les écoles ne sont pas toutes équipées
d’un préau dont la surface est suffisante afin d’accueillir sereinement tous les élèves,
et que les professeurs des écoles sont soumis à des niveaux de bruit élevés
auxquels ils peuvent être tentés de se soustraire momentanément. Du fait de ces
éléments, le recours à l’écran est une pratique installée.
Toutefois, il existe de nombreuses possibilités dans les écoles afin d’éviter le
recours à l’écran, en remplacement des récréations extérieures.
Tout d’abord il est possible d’investir tous les lieux couverts au sein des bâtiments
afin d’éviter une trop grande densité d’élèves dans un même lieu :
- Dans un premier temps les salles de classe qui sont en nombre suffisant dans
toutes les écoles, peuvent être investies différemment. Les enfants ayant
besoin de changer de lieu pour faire une vraie coupure et leur permettre de
dissocier le temps récréatif du temps d’apprentissage, peuvent tout à fait
disposer de ce temps récréatif dans une autre classe que la leur et avec un
autre enseignant. Il est aussi possible de mélanger les élèves de différents
niveaux afin de permettre des échanges multiples, de favoriser l’entraide, le
tutorat, la socialisation… - Dans un second temps, il existe des lieux couverts au sein des écoles qui ne
sont pas des salles de classe et qui peuvent également être investis. Par
exemple, les bibliothèques, les dortoirs dans les écoles maternelles, les
préaux couverts, les salles de motricité, les salles dédiées à la vidéo (mais
utilisées qu’en tant que lieu disponible), les salles réservées aux centres de
loisirs.
Il est ensuite tout à fait possible d’utiliser les structures extérieures proches des
écoles :
Les gymnases, dojos, bibliothèques communales sont également des lieux à investir
lorsqu’ils sont à disposition et proches des écoles.
Durant ces temps de pause de nombreuses activités ludiques et distractives déjà
présentes dans les écoles s’offrent aux enfants : - Les jeux de construction et d’encastrement (assemblage, emboîtage, puzzles…)
- Les jeux éducatifs, les jeux de société (lotos, mémory, jeux à dés, jeux de
plateau…) - Les jeux d’imitation ou symboliques (cuisine, nurserie, activités ménagères,
bricolage, docteur, garage, ferme avec animaux, marchande, castelet avec
marionnettes…) - La lecture dans les « coins bibliothèque » des classes.
- Le dessin libre, le coloriage, les grands rouleaux de papier qui peuvent être
déployés dans les couloirs des écoles sont également des propositions simples à
mettre en place et pouvant permettre à un grand nombre d’enfants d’y participer en
même temps.
Avec un investissement restreint il est envisageable de proposer aux enfants des
tentes pop up ou des tipis, qui une fois pliés ne prennent pas de place. Ceux-ci
peuvent être investis de différentes manières : coin de discussions et partage de
secrets, coin de repos, coin de lecture…
Il est également facile d’installer des coins d’écoute en utilisant les postes CD
présents dans de nombreuses classes et d’y connecter un répartiteur multicasque
permettant au moins à 5 enfants de bénéficier d’une écoute simultanée d’histoires,
de musiques…
Enfin permettre aux enfants de s’aérer dans la cour de récréation, en étant bien
couverts, et sur un temps court, peut être aussi une éventualité lorsque la pluie est
modérée. De même que de sortir les classes à tour de rôle sous les préaux couverts
lorsqu’ils sont présents.
Toutes ces propositions ne sont pas exhaustives mais montrent bien qu’avant
de mettre les enfants devant des écrans, il est possible d’engager une réflexion
amenant à se questionner sur la nécessité de cet usage, que ce soit par temps de
pluie ou par grand froid et de réfléchir aux risques potentiels pour le développement
cognitif et social que cela pourrait occasionner chez nos jeunes élèves.
Alice