A Poitiers les parents s’opposent à la mise en place des tablettes à l’école maternelle
CoSE relaie cette lettre ouverte de parents d’éléves de la ville de Poitiers :
Empêchons l’arrivée des écrans à l’école !
Nous avons appris début novembre que des tablettes numériques allaient être livrées par la mairie de Poitiers dans l’école maternelle Les Minimes en complément des dalles numériques (TBI) déjà présentes dans chacune des classes. Nous précisons que ce n’est pas une demande de l’école (les maîtresses n’en voulaient pas).
En tant que parents et citoyens, nous demandons à la mairie de Poitiers de protéger nos enfants du numérique, au lieu de les y exposer dès le plus jeune âge, et ce alors que toutes les études scientifiques prouvent la dangerosité des écrans pour les enfants et pour leur développement cognitif (retards significatifs dans l’apprentissage du langage, troubles du comportement, du sommeil, obésité, problèmes de concentration, etc.). Comme le résume la pédiatre Anne-Lise Ducanda, « plus de 4 600 études ont été menées à travers le monde : quasiment toutes signalent que les écrans ont un effet délétère sur les enfants et particulièrement sur le développement des tout- petits1. »
Des collectifs comme Lève les yeux sont en train de s’organiser un peu partout en France pour résister à la déferlante des écrans que l’Education Nationale ne fait qu’encourager, et qui contribue aussi aux dégâts environnementaux.
Cet usage du numérique nous pose un certain nombre de problèmes :
Nous réalisons, en échangeant avec des enseignants, que beaucoup d’entre eux estiment que l’utilisation de la tablette en classe relève plus du « gadget » que d’un véritable outil pédagogique, et qu’elle constitue souvent une perte de temps, sans pour autant améliorer les apprentissages. Au contraire, l’étude de référence PISA qui étudie le système éducatif de 72 pays montre en 2015 que les pays qui ont le plus bas niveau scolaire sont ceux qui utilisent le plus les outils numériques.
Les membres du collectif CoSE (collectif de médecins, psychiatres, enseignants) constatent : « Nous trouvons que nos enfants passent déjà trop de temps devant les écrans, et que ceux-ci sont plus néfastes que bénéfiques pour leur santé, leur éveil et leurs apprentissages. Mais nous sommes aussi alertés par les enfants en élémentaire : nous observons d’importantes difficultés dans les apprentissages, des difficultés globales de compréhension, des difficultés à mobiliser une attention soutenue, une maladresse à utiliser les objets du quotidien, un intérêt limité porté à leur environnement (objets et personnes) hormis les écrans2 ».
Nous tenons également à signaler que la plupart de ces innovations sont imposées sans que de vrais bilans attestent de la pertinence ou des bienfaits qu’ils sont censés produire. Le minimum d’une pédagogie bien fondée consisterait à faire retour sur les expériences menées plutôt qu’à dépendre du travail de lobbying de certaines entreprises du numérique auprès du Ministère de l’Education Nationale.
Enfin, nous sommes abasourdis par le montant pharaonique affecté par la ville de Poitiers au « Développement numérique » (285 000 € pour l’année 2021 au budget primitif, 100 000€ dans le budget primitif de 2022) et nous estimons que cet argent, provenant en partie des contribuables, doit être utilisé à de meilleures fins. Nous sommes d’autant plus surpris que ce budget émane d’une mairie écologiste ayant des préoccupations à l’égard de l’environnement. Or, est-il besoin de rappeler que l’industrie numérique contribue au dérèglement climatique (4% des émissions de gaz à effet de serre, et ce pourcentage monte à grande vitesse) et qu’elle pollue tout au long de son cycle de vie, de l’extraction des métaux aux déchets en passant par la production et le stockage de données (sans parler du gaspillage d’énergie via les data centers et autres).
Pour l’arrêt de cette opération coûteuse, peu utile pour les apprentissages, néfaste dans son ensemble pour nos jeunes enfants, ainsi que pour l’environnement, pour mener une réflexion commune sur les usages du numérique à l’école.
Des parents d’élèves de Poitiers en lutte contre l’imposition des écrans à l’école.
Pour signer ou contacter les parents à l’initiative : parentspoitevinscontrelesecrans@protonmail.com
1 Anne-Lise Ducanda, Les tout-petits face aux écrans : comment les protéger, éditions du Rocher, 2021.
2 Charte du collectif CoSE
Ci dessous les liens vers les journaux qui relaient cette action :
· https://www.francebleu.fr/infos/education/poitiers-un-collectif-de-parents-demande-un-moratoire-sur-les-tablettes-en-maternelle-9429982
· https://www.lanouvellerepublique.fr/poitiers/poitiers-des-parents-lancent-une-petition-contre-l-usage-des-tablettes-en-maternelle
· https://www.sudouest.fr/societe/l-arrivee-massive-de-tablettes-en-maternelle-inquiete-les-parents-a-poitiers-13365923.php
· https://www.charentelibre.fr/politique/nouvelle-aquitaine/poitiers-un-collectif-de-parents-lance-une-petition-contre-les-tablettes-en-maternelle-13390194.php#article-comments
· https://www.capital.fr/economie-politique/tablettes-numeriques-des-parents-deleves-veulent-limiter-les-ecrans-en-maternelle-1454741
· https://www.notretemps.com/depeches/a-poitiers-des-parents-demandent-un-moratoire-sur-les-tablettes-en-maternelle-62434
· https://www.epochtimes.fr/poitiers-des-parents-sinquietent-de-larrivee-massive-des-tablettes-en-maternelle-2182200.html